La serviette hygiénique jetable, aussi appelée couche ou coton, est la protection la plus connue et la plus utilisée par celles qui peuvent s’offrir une protection menstruelle du marché. Une étude de 2017 a révélé que c’est le matériel utilisé par 38,1% des femmes urbaines et 7,2% des femmes en zone rurale au Burkina Faso.

Exemple de produits disponibles au Burkina Faso

La serviette jetable est souvent vue comme une méthode libératrice de la femme, qui a alors à disposition une solution « moderne », sécurisante, qui lui fait gagner du temps car elle n’a plus besoin de cacher, laver et faire sécher ses morceaux de pagne.

C’est en général avec les serviettes hygiéniques que commencent les jeunes filles lors de leurs premières règles. C’est ce qu’il y a de plus simple à utiliser quand on débute, d’autant plus qu’on peut les trouver presque partout (supermarché, boutiques, pharmacies…).

Néanmoins, comme toute produit d’hygiène menstruelle, la serviette présente des avantages et des inconvénients. Commençons par ses avantages :

  • Facile à trouver : en ville ou en zone rurale, c’est souvent le seul produit d’hygiène menstruel disponible chez les boutiquiers ;
  • Facile à utiliser : même sans aide extérieur, on comprend aisément qu’il faut la place dans sa culotte et la fixer avec la bande autocollante ;
  • Usage sécurisé : on a un bon aperçu de son flux et de la fréquence à laquelle il faudra remplacer sa serviette avant qu’elle ne fuie ;
  • Bon marché : les premiers prix démarrent à 500 Fcfa le paquet de 12 serviettes, ce qui revient à 40f l’unité (marque Softcare).

Image publicitaire montrant la capacité d’absorption d’une serviette hygiénique

Passé ces avantages, qui ont réussi à propulser la serviette hygiénique au rang des protections les plus populaires sur la planète, il est important de réaliser que les inconvénients à son utilisation sont nombreux.

  • Confort réduit : les serviettes hygiéniques sont souvent mises en cause par les utilisatrices et les professionnels de santé pour les désagréments qu’elles causent. Il faut savoir qu’une serviette doit être changée toutes les 4 à 6h, mais peu de femmes respectent cette consigne et ne se change que lorsqu’elle est pleine (par soucis d’économie) ou lorsqu’elles ont enfin accès à un espace adapté pour la changer. Ainsi, les utilisatrices citent des soucis induits comme les odeurs (exacerbées par les fortes chaleurs), la sensation d’humidité à l’instar d’une « couche », mais aussi les démangeaisons et irritations de la zone intime (encore plus fortes avec les serviettes bon marché et celles parfumées chimiquement) ;
  • Coût important : les femmes utilisent entre 10 et 15 000 serviettes hygiéniques sur tout leur vie. Ainsi, le budget à l’unité est négligeable, mais lorsque l’on additionne les dépenses mensuelles, une femme peut dépenser entre 500 000 et 2 M FCFA en serviettes ! Un budget conséquent, surtout dans les pays où le pouvoir d’achat est (très) limité ;
  • Présence de substances nocives: les serviettes sont en général composées à 90% de matières plastiques, même celles qui affichent un message publicitaire « 100% coton » et des études ont démontré la présence de substances toxiques dans ces produits très peu contrôlés par les autorités sanitaires… ce qui peut, à long terme causer bien des impacts sur la santé des femmes (voir encadré).
  • Désastre environnemental : les serviettes étant à usage unique, il faut s’en débarrasser… et c’est un casse-tête qui commence pour nombre de femmes. Ainsi, certaines les brulent à l’air libre, d’autres les lavent avant de les jeter suremballées dans un plastique noir, les jettent dans les toilettes, bouchant ainsi les canalisations ou remplissant les fosses, ou les enterrent dans un trou. L’évacuation des serviettes provoque ainsi des pollutions diverses (air, eau, sols) et font perdre du temps aux femmes qui rusent d’inventivité pour s’en débarrasser lorsque jeter « simplement » à la poubelle s’avère impossible.

Aussi, la croyance selon laquelle des personnes mal intentionnées récupèrent ce sang menstruel pour des usages mystiques (rendre infertile, provoquer la chance dans l’exploitation de l’or, etc.) exacerbe la détermination de femmes à vouloir faire disparaitre le sang de la serviette pour qu’il ne soit jamais récupéré.

Reportage télé (BFM TV) relayant l’information sur la présence de substances toxiques dans les protections hygiéniques de type serviettes et tampons

Tous ces éléments constituent de nombreux inconvénients à l’usage de la serviette hygiénique, et l’on peut se demander si, au final, celle-ci facilite réellement la vie des personnes menstruées dans le contexte du Burkina Faso ?

Gros plan sur les substances nocives contenues dans les serviettes

Une étude de 2019 alerte les consommateurs sur les produits d’hygiène menstruel jetables tels que les serviettes et tampons. L’étude a confirmé la présence de substances très nocives dans ces protections périodiques : résidus du glyphosate, de phtalates, de composés halogénés et de dioxines.

Comment est-ce possible ?

  • Car ces produits sont à base de plastique, mais aussi de coton, et le coton est produit avec un usage intensif de pesticides qui se retrouvent dans le produit final ;
  • Car le coton est blanchi pour être plus blanc, et que cela nécessite l’usage de chlore ;
  • Car des additifs sont parfois ajoutés, pour améliorer la capacité d’absorption ou pour ajouter un parfum de synthèse.

Ces produits étant en contact direct avec les parties intimes, il semble urgent de trouver des alternatives car les fournisseurs ne sont pas contraints ni par la loi ni par des contrôles à modifier leurs méthodes de fabrication.